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Les chants marins dans la marine nationale, d'hier à aujourd'hui

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Du temps des vaisseaux à voile carrée de Louis XIV jusqu’aux frégates furtives actuelles, les chants marins ont accompagné la vie opérationnelle et cérémonielle de la Marine française (surnommée la “Royale”). Ces chants rythment le quotidien des équipages et contribuent à souder l’esprit de bord. Nous retraçons ici l’évolution de ce répertoire à travers les siècles et son rôle identitaire auprès des marins.


Aux origines – la Marine à voile  

Chants de travail (shanties) : hisser, virer, pomper  

Aux XVIIᵉ–XVIIIᵉ siècles, à l’âge d’or de la voile, les chants de travail (“shanties”) sont incontournables à bord pour coordonner les efforts. Chaque manœuvre difficile – hisser une voile, virer au cabestan, pomper l’eau de cale, ramer aux avirons – a son chant cadencé, qui donne du courage et synchronise l’équipage. Il n’est pas rare qu’un capitaine recrute un meneur de chant à la voix puissante pour entraîner les matelots au bon rythme.


Influence des traditions bretonnes et normandes  

Beaucoup de marins du Roi étant originaires de Bretagne ou de Normandie, ils apportent à bord leurs traditions musicales régionales. Le répertoire des chants de marins s’enrichit ainsi de langues locales et de mélodies folkloriques côtières. La Marine intègre même des instruments du cru : par exemple des sonneurs de biniou (cornemuse bretonne) sur les navires bretons ou des fifres et des tambourins provençaux. Cette touche locale imprègne durablement le patrimoine chanté de la “Royale”.


Le chant - Le 31 du mois d’août - reste l’un des hymnes marins les plus célèbres.


XIXᵉ siècle – De Napoléon aux cuirassés  

Professionnalisation de la musique navale (trompettes de bord, tambours d’ordonnance)  

Au XIXᵉ siècle, la musique militaire se formalise à bord. Des trompettes de bord et tambours d’ordonnance rythment désormais les appels, manœuvres et saluts officiels des bâtiments, sur le modèle de l’armée de Terre. Ces sonneries et roulements font partie du quotidien des marins et renforcent le caractère solennel des cérémonies navales.


Naissance des premières fanfares de la Marine

La fin de l’ère napoléonienne voit naître les premières fanfares navales. Dès 1827, une circulaire autorise la création de deux musiques d’équipage, l’une à Brest et l’autre à Toulon. Ces orchestres militaires, ancêtres de l’actuelle Musique des Équipages de la Flotte, se produisent lors des grandes revues et événements officiels, renforçant le prestige de la Marine auprès du public.


La Grande Guerre et l’entre-deux-guerres  

Poilus de mer : chants de tranchée adoptés à bord  

Pendant la Première Guerre mondiale, les marins français – dont certains combattent à terre dans les tranchées – partagent le même répertoire que les soldats. Sur les navires comme dans les cantonnements, on entend des refrains de poilus, ce qui crée un lien de camaraderie interarmes. Ces chants communs (parfois grivois ou nostalgiques) participent au moral des équipages dans l’épreuve.


Diffusion des chansons réalistes (La Madelon) auprès des équipages  

La musique populaire de 14‑18 s’invite aussi à bord. L’exemple le plus fameux est La Madelon (1914), chanson de bistrot entraînante qui fait fureur auprès des troupes. Elle devient quasiment un hymne officieux des combattants de la Grande Guerre, repris par les soldats et les marins pour se remonter le moral. Après l’Armistice, ces chansons réalistes resteront ancrées dans la culture des équipages.


Création officielle des formations musicales de la Marine (1927)

L’entre-deux-guerres marque l’institutionnalisation de la musique navale. En 1927, la Marine nationale officialise ses formations musicales permanentes, perpétuant l’héritage des fanfares du XIXᵉ. La Musique des Équipages de la Flotte (orchestres d’harmonie militaires) participe désormais aux défilés et cérémonies patriotiques, ancrant la tradition musicale dans l’identité de la Marine républicaine.


Seconde Guerre mondiale – Chants de la France libre  

Radio Londres, Lili Marleen : un hit des deux camps  

Durant la Seconde Guerre mondiale, certaines chansons franchissent les frontières ennemies. La célèbre romance allemande Lili Marleen – diffusée sur les ondes (Radio Belgrade, BBC) – est appréciée tant par les soldats allemands que par les Alliés. Les marins de la France libre l’écoutent en exil, témoignant du pouvoir universel de la musique pour adoucir l’angoisse de la guerre.


Chants gaullistes et marins du FNFL : Marche des soldats de la mer  

Au sein des Forces navales françaises libres (FNFL) du général de Gaulle, on compose aussi des chants destinés à souder les équipages. La Marche des soldats de la mer en est un exemple emblématique : cet hymne aux accents gaullistes célèbre la bravoure des marins de la France libre. Chanté lors des cérémonies et défilés navals à Londres, il renforce l’unité et l’espoir chez ces marins en exil.


Transmission orale et enregistrements 78 tours pour maintenir le moral

Pour maintenir le moral en ces temps difficiles, la diffusion des chants s’appuie sur tous les moyens. L’apprentissage reste oral (les anciens transmettent aux jeunes les chants traditionnels ou résistants), mais aussi technique : des disques 78 tours circulent à bord avec des chansons à la mode (opérettes, jazz, etc.). Sur les bâtiments de guerre, on organise des écoutes collectives de ces airs enregistrés, qui offrent aux marins un répit musical bienvenu en pleine tourmente.


De 1945 aux trente glorieuses  

Standardisation du cérémonial : sonneries, hymnes, hits d’escadre  

Après 1945, la Marine standardise ses cérémonies militaires. Le protocole se dote de sonneries réglementaires (appels de clairon, “Aux champs”, etc.) et rend obligatoires les hymnes nationaux lors des levées des couleurs et honneurs aux autorités. Par ailleurs, chaque escadre ou équipage adopte ses “hits” du moment : airs locaux appris en escale ou succès radiophoniques du jour, repris en chœur par les marins lors des quarts de détente.


La Marine nationale aujourd’hui  

Rôle de la Musique des Équipages de la Flotte (MEF)  

Aujourd’hui, la Marine nationale préserve activement son patrimoine musical. Elle dispose de deux formations phares : la Musique des Équipages de la Flotte de Toulon et le bagad de Lann-Bihoué (créé en 1952), ensemble de cornemuses bretonnes.


Nouveaux supports : karaokés embarqués, playlists numériques

Enfin, les marins du XXIᵉ siècle continuent de chanter, mais avec des outils modernes. À bord des frégates et sous-marins, on organise des soirées karaoké pour divertir l’équipage lors des longues missions. Chacun peut aussi apporter sa musique sur smartphone et échanger des playlists numériques avec ses coéquipiers en salle de détente. Des vieux chants de gaillard d’avant aux tubes partagés en Bluetooth, la chanson demeure un élément essentiel de la vie en mer et un vecteur d’identité collective pour les marins.


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