Henry-Jacques : poète du Cap-Horn et des tranchées

Henry-Jacques, de son vrai nom Henri Edmond Jacques, est une figure singulière du patrimoine musical français. Né à Nantes en 1886, il fut poète, écrivain, journaliste, marin, mais aussi un précurseur de la collecte de chants marins et un artisan de leur modernisation.
Une jeunesse entre mer et plume
Installé très jeune à Paris, il travaille comme journaliste alors qu'il n'a pas encore 15 ans. Il collabore à des titres comme Paris-Journal ou L'Ère Nouvelle et commence à écrire ses premiers textes. Sa passion pour la mer et les traditions populaires lui sont une source d'inspiration perpétuelle et façonnent déjà son œuvre.
Poète soldat : l’expérience de la guerre
En 1914, à l’âge de 28 ans, Henry-Jacques s’engage volontairement. Il est blessé à plusieurs reprises et en tire une série de recueils marqués par la souffrance et la grandeur humaine. Son œuvre La Symphonie Héroïque (1921) est souvent citée parmi les plus forts témoignages poétiques sur la guerre.
« Vous qui dites : ‘Mourir, c’est le sort le plus beau’… Venez voir de plus près… »
Ce cycle poétique influencera son approche de la musique constituée de rythme, de rudesse et d’humanité brute – comme dans les chants de marins qu’il collectionnera plus tard.
Une vie au large : le chant des Cap Horniers
Après la guerre, il reprend la mer. Henry-Jacques effectue plusieurs tours du monde et passe deux fois le Cap Horn, expérience exceptionnelle pour un homme de lettres. Il compose Le Chant des Cap Horniers, texte devenu emblématique du répertoire de chant de marins.
Il est aussi l’auteur de la Chanson à virer, adaptation française du célèbre Drunken Sailor, un des chants traditionnels de travail maritime les plus connus.
Henry-Jacques, écrivain et musicologue
Au-delà de la mer, Henry-Jacques est un écrivain français du XXe siècle reconnu. Il publie romans, essais, chroniques de voyage et fonde plusieurs revues musicales, comme La Joie Musicale. Il s’intéresse à la transmission orale, à la musique populaire et aux chants traditionnels français dans leur diversité.
Son recueil Cap Horn (1947) est un bijou mêlant prose poétique, récits de voyage et chansons issues de son carnet personnel. Son travail préfigure celui des collecteurs de la tradition orale dans les années 1950-60.
Héritage et redécouverte
Henry-Jacques meurt à Paris en 1973, à l’âge de 87 ans. Longtemps oublié, il revient aujourd’hui sur le devant de la scène grâce aux passionnés du chant marin traditionnel et du répertoire français régional.
Son œuvre est aujourd’hui reprise par des groupes comme Cap Horn, qui ont consacré un album à ses textes. Les Marins d'Iroise ont aussi repris bon nombre de ses compositions.