
Paroles de Turaine, tu n'entreras
Refrain :
Turaine, tu n'entreras,
Mais plustôt tu crèveras.
Couplets :
Turaine pensant ranger
Sous ce de Périgord Lisle,
Voulut la gentille ville Sarlat,
Ces jours assiégez
Et lui, et puis toi, Beynac,
Et le bravache Bourgolles,
Et mille personnes folles
Sous l'aveugle Salignac
Salignac, dedans Sarlat,
Endepté iusqu'aux oreilles
Fesoit accroire, à merveille,
A tous, par son caquet fat
-"Monseigneur, ils sont àvous,
Disait-il, ce sont des canailles;
Car ceste foible muraille
Ne soutiendra pas dix coups."
Nous irons tous assiéger,
A nostre tour ton village,
Toi qui pensois du pillage
De Sarlat, Sarlat payer !
Nous envoirons au Sabat
L'hideuse sorcière
Qui, d'unecolère fière,
T'envoya contre Sarlat
Turaine et tes compagnons
Cuidant mettre tout en poudre
En moment, par la foudre
De six ou sept canons.
Dans l'espace de vingt jours
Tu n'as gaigné que peine;
De la gloire trop hautène,
Rien n'ont peü les subtilz tours.
Turaine, fort dépité,
Iure Dieu, cent foys blasfesme;
Preinsd'une colère extresme,
Déteste nostre Cité
-"Maudit, dit-il,soit l'auteur
Du siège tant inutile,
Et qui, d'assiéger ceste ville,
Fust le premier inventeur !"
Tu as, par punition
De cette gloire éclipsée,
Afamé ta brave armée,
Perdu ta munition.
Nous mangeons les gros chapons,
Les poulles tendres et molles,
Et tes soldats les virolles,
Les boles et les oignons.
Toi, monteras-tu à l'assaut
Avec tes six cents gens d'armes?
Refroidies sont tes armes,
Turenne, beau te font !
Les tiens te font donc horreur
Qui, dans nos fossés, font garde !
Ton œil de loin les regarde,
Ton cœur est gelé de peur.
Turenne, compte tes gens
Qui vinrent pour fer la guerre
Engraissé est notre terre
Pour le moins de quatre cents.
Limeil iure à son cousin
Que, par sa ruse subtile,
Il entrerait dans la ville :
Mais il n'estoit pas prou fin.
-"Or ça leur dit-il, il faut
Que je fasse l'assemblée
Des chefs : puis d'une voulée
Vous ferez donner l'assault."
Mais fénelon, cognoissant
Ceste trahison félone,
La brèche point n'abandonne,
Repoussant l'effort puissant.
Fénelon, par sa vertu,
A, des tennantes bombardes,
Des piques, des hallebardes
Le fort pouvoir abattu.
Fénelon et Laforest,
Par leur vaillance animée
Ont à l'huguenotte armée
Hors le mur donné l'arrest.
Tant que Fénelon sera,
Et Laforest aura l'âme,
Venir l'huguenaud infasme
Contre Sarlat n'osera.
Mais pour en faire la fin
Turaine, maulgré ton couraige,
En Novembre, ce dommaige
T'est causé par le destin.
Tu reçus sur ton beau front,
Devant Belvès, l'aultre année,
Par semblable destinée,
S'il t'en souvient mesme affront.
La Newsletter du Terroir
Abonnez-vous pour recevoir chaque semaine :
- Des chants traditionnels et populaires issus de toutes les régions françaises
- Des histoires captivantes sur notre patrimoine musical et culturel
- Des informations exclusives sur les événements locaux ou l’on chante !
- Des playlists thématiques pour animer vos moments de partage et de convivialité
Retrouvez Turaine, tu n'entreras dans les catégories suivantes
A propos du chant "Turaine, tu n'entreras"
Chant militaire Périgourdin. Chanson tirée du chansonnier de Maurepas. Composée par un Sarladais, à l'époque du siège de Sarlat, sous la Ligue (1587). Ce siège dura 19 jours, du 25 Novembre au 13 Décembre 1587, fête de la Sainte Lucie. La Ville fut défendue, contre le vicomte de Turenne, par l'Evêque Louis de Salignac et les sieurs de Lamothe, Fénelon, de Gauléjac, etc... Il ne faut pas confondre ce vicomte de Turenne avec le grand Turenne, Maréchal de France, (1611-1675).


