Gabriel-Charles de Lattaignant, l'auteur de "Fanchon" (1757)
Vous connaissez sans doute "Fanchon" ? L'un des chants les plus populaires de notre appli, apprécié des militaires et des buveurs, c'est un incontournable. Et pourtant peu de gens savent que ce chant a bientôt 3 siècles, et qu'il a été écrit par un abbé, poète à ses heures.
Gabriel-Charles de Lattaignant, dit l'abbé de l'Attaignant est un chansonnier et poète français, né vers 1697 à Paris où il est mort le 10 janvier 1779.
Issu d'une famille aristocratique, comme son nom l'indique, il n'est pas l'aîné et comme de coutume à l'époque, on le destine à rentrer dans les ordres. Sans attrait pour la vie religieuse, il mène une vie d'homme de lettres et de libertin à Paris, avant d'être finalement ordonné prêtre en 1745.
Il a composé des opéras-comiques, des poésies profanes le plus souvent légères et frivoles mais aussi des cantiques spirituels. On en retient "Fanchon" en 1757, mais il a aussi contribué à une comptine encore chantée de nos jours : en effet, en 1760 il ajoute huit nouveaux couplets à "J'ai du bon tabac", chanson enfantine déjà en vogue à l'époque. La plupart de ses autres œuvres musicales sont tombées dans l'oubli, mais il a laissé plusieurs poésies, dont la plus célèbre est peut-être Le Mot et la Chose.
Nommé "grand chansonnier" par l'écrivain Bachaumont, au crépuscule de sa vie, c'est finalement ce qui restera à la postérité : deux chants très célèbres et toujours entonnés 3 siècles plus tard. C'est d'ailleurs un fait d'armes remarquable : Fanchon est une des rares chansons des soldats de l’ancienne monarchie à avoir survécu à la Révolution, pour rester populaire après la Grande Guerre et se maintenir dans les recueils, comme dans les enregistrements militaires au début du XXIe siècle.
Voltaire, dans sa correspondance, nous laisse un poème en réponse à une lettre de l’abbé de Lattaignant (16 mai 1778) :
Lattaignant chanta les belles ;
Il trouva peu de cruelles,
Car il sut plaire comme elles :
Aujourd’hui plus généreux,
Il fait des chansons nouvelles
Pour un vieillard malheureux.
Je supporte avec constance
Ma longue et triste souffrance,
Sans l’erreur de l’espérance :
Mais vos vers m’ont consolé;
C’est la seule jouissance
De mon esprit accablé.