Biographie de l'auteur
Gustave Doré (1832-1883) est un illustrateur, graveur et peintre français du XIXe siècle. Né à Strasbourg le 6 janvier 1832 et mort à Paris le 23 janvier 1883
, il s’impose comme l’un des maîtres de l’illustration de son époque, restant pour beaucoup « le plus illustre des illustrateurs » de son siècle
. Artiste précoce et prolifique, Doré réalise plus de 10 000 dessins et gravures au cours de sa carrière. Il connaît un succès international grâce à ses illustrations de chefs-d’œuvre littéraires (la Bible, La Divine Comédie de Dante, Don Quichotte de Cervantès, fables de La Fontaine, œuvres de Rabelais, Milton, etc.), dont certaines images sont restées célèbres dans la mémoire collective
. Outre l’illustration qui a fait sa renommée, Gustave Doré pratique également la gravure sur bois (souvent en collaboration avec des artisans graveurs) et s’essaie à la peinture de grand format. Il produit ainsi des toiles monumentales d’inspiration religieuse ou historique, exposées notamment à Paris et à Londres, affirmant son ambition de peintre. Bien que boudé par une partie de la critique de son temps, il laisse une empreinte durable dans la culture visuelle du XIXe siècle et est aujourd’hui reconnu comme un artiste engagé et polyvalent de son époque.
Originaire d’Alsace, Gustave Doré est profondément marqué par la guerre franco-prussienne de 1870-1871 qui conduit à la perte de l’Alsace-Lorraine pour la France. En tant qu’Alsacien patriote, il exprime son attachement à la France de plusieurs façons durant ce conflit. Sur la toile, il peint L’Énigme (1871), une œuvre allégorique reflétant la détresse de la défaite française et le choc de l’annexion de l’Alsace-Lorraine
. Parallèlement, il met son talent d’écrivain au service de la cause nationale : Gustave Doré est l’auteur des paroles du chant patriotique « La Strasbourgeoise », composé au cœur du siège de Strasbourg en 1870 par le musicien Jules Montariol
. Ce chant de résistance, né pendant la guerre de 1870, s’inspire de la souffrance et du courage des habitants de Strasbourg face à l’invasion prussienne. La Strasbourgeoise, aussi appelée « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine », exalte la fierté et la résistance du peuple alsacien, affirmant la fidélité indéfectible de l’Alsace-Lorraine à la France et l’espoir de reconquérir la liberté perdue. Un exemple de dignité, courage et patriotisme.
. Les paroles imagent notamment une jeune Strasbourgeoise qui refuse l’aumône d’un soldat ennemi, symbolisant le refus de tendre la main à l’occupant. Dès sa création en 1870-1871, la chanson remporte un vif succès populaire grâce à son message d’unité patriotique
. Par la suite, La Strasbourgeoise intègre durablement le répertoire des chants militaires et de la chanson française patriotique, où elle devient un classique du genre
. Longtemps connue des seuls cercles militaires, elle est régulièrement entonnée lors de commémorations et a même retrouvé une certaine popularité de nos jours, témoignant de la puissance émotionnelle de ce chant patriotique dans le répertoire de la chanson française du XIXe siècle.
Gustave Doré s’éteint à 51 ans en janvier 1883, laissant une œuvre protéiforme considérable. Son nom reste associé à l’illustration du XIXe siècle, dont il fut l’une des figures majeures, et à un chant patriotique emblématique, La Strasbourgeoise, qui illustre son engagement artistique au service de la patrie.